revue
gratuite de poésie contemporaine
N°2
Octobre 2003 – ISSN 1764-7401
La fête du loup
les mains dans les poches
je marchais le long de la rue Ben M’hidi
c’était un jour de pluie fine et le soleil
giclait d’entre les nuages
je n’avais pas besoin
de parapluie
de voiture
de rendez-vous galant
pour être heureux
je voulais simplement boire
une tasse de café noir près du port
et regarder la mer en face
mais ce jour là
les bateaux en rade cachaient l’horizon
des corbeaux croassaient sur les toits
une rumeur diffuse montait de la ville
ils n’avaient pas encore tiré sur la foule
*****
*****
Les
feuilles de menthe
les feuilles de menthe
les fleurs de jasmin
dégagent de tes mains
un parfum subversif
depuis que tu as réinventé
les baobabs
et les étoiles filantes
-surtout ne pas laisser le ciel vide
et les barbelés pousser
à la place des figuiers en flammes!-
*****
*****
Les
sans voix
dire l’angoisse des minutes assassines
qui régulent le silence
crier dans la nuit fourbe
l’immense vérité et se taire
- se taire -
la main sur la bouche de s’être rappelé
que les cris se dissipent
en échos sur les rocs
chanter de peine les nuits d’attente
et vivre au songe
d’une danse de cygnes au ras de l’eau
pleurer de joie aux retrouvailles
- oh pleurer de joie... - et s’en aller
toujours trop tôt - partir déjà -
avant de pouvoir tout dire
avant de ne rien dire
Poète algérien,
son cri est celui d’un poète de talent, l’entendez-vous ?
Journaliste
indépendant, Soleïman Adel Guémar est né en 1963 à Alger. Il a été
collaborateur des hebdomadaires "Parcours Maghrébins" et
"L'Evénement". Il est également l'auteur de plusieurs nouvelles
parues dans la presse ("La Tribune", "Liberté", etc.)
1er Prix ex aequo au 10ème festival national de poésie (Béjaïa, Algérie
1998).
Visitez
son site et cherchez le fameux "Point Alif".
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Illustration :
tableau pierre de givre de Jade J. Vuaillat
http://www.planetexpo.fr/jade/
Paule
Doyon
Derrière
le temps (extrait)
Arrêter
le temps
Le regarder trembler dans sa main
Pépite de soi dans l'espace vide
Infiniment petite, infiniment vaste
Mystérieuse comme l'éternité
Tirer du secret immobilisé
L'énergie puissante, le dieu caché
Le respire immortel de l'univers
Découvrir l'immobilité absolue de l'esprit
S'absorber dans la minute parfaite
Comprendre
Que l'homme est très petit vu du dehors
Et sans limite vu du dedans...
Apprendre que le monde s'agrandit
À mesure que la pensée en lui s'étend
Imaginer l'invisible, ici même
Entre le mouvement et l'arrêt
Entre la vague et le fond
L' Être immobile derrière le mouvement
intermède Je
ne suis pas si petite |
La vie furieuse, redevenue
gentille
Au dernier jour de la pensée
Où nous irons, charmants
À travers l'infatigable vie
Hommes enfin
Intérieurement ravis, calmes
Juste avant l'aube
Une image, un besoin de vérité
Un rire qui raconte sans cesse
Une longue histoire invraisemblable
Et supérieure à ma pensée
Auteure
et poétesse québécoise,
Paule Doyon
a
publié plusieurs recueils de poésie aux
éditions Écrits des Forges : Rire
fauve
(1983), Éclats de paroles (1985),
48
poses
(1992),
Les
bruits de la terre
(1995), Musiques
blanches
(2000). Elle
a aussi de nombreuses publications dans diverses revues et anthologies.
Retrouvez plus d’informations sur son
site
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Nicole Versailles
Des
bouts de laine rouge
Il
a mis dans ses cheveux des bouts de laine rouge
Et les a caressés de ses doigts vagabonds
Alors la mendiante au cœur étriqué et stérile
Est devenue princesse en robe de beauté
Tout en haut des collines
Les fleurs en couleurs
Dansent avec les nuages
Il a mis dans ses cheveux des bouts de laine rouge
Et ses doigts de tendresse lui ont inventé un visage
Et la mendiante aux paroles amputées et vaines
S’est révélée conteuse des histoires humaines
Tout en haut des collines
Les fleurs en couleurs
Dansent avec les nuages
Il a mis dans ses cheveux des bouts de laine rouge
Et sa peau s’est collée doucement à la sienne
Alors la mendiante au ventre sec et déserté
Est devenue féconde de bonheurs ordinaires
Tout en haut des collines
Les fleurs en couleurs
Dansent avec les nuages
La
mendiante à présent module un chant solitaire
Qu’elle
a été princesse juste une nuit d’amour
Les recueils de Nicole Versailles (textes courts et
poèmes) sont illustrés de manière intensément poétique par le dessinateur
belge Serdu. Et c’est dans des revues françaises et belges (AN+, Les Hésitations
d’une mouche, Mil’feuilles, Inédit
Nouveau) que vous la rencontrerez, au gré de vos lectures. Deux de ses textes figurent dans l’Anthologie de
textes érotiques, publiée par le
CEPAL (nov. 2002). Sa courte nouvelle « Georgette » a remporté le 1er
prix du concours sur le Net initié par « Lire en Fête » (oct.
2002). Elle a remporté le Trophée du Voyage poétique (section francophonie)
au 8ème concours littéraire international du CEPAL (juin 2003).
Allez vous promener dans ses
chemins buissonniers, vous y rencontrerez des mots saltimbanques.
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E. André-Guidici
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